Crédit: Abakar B - Wikicommons

Valentin Betoudji, le tchadien aux douze poumons

Le samedi 10 Août 2024, le Tchad tout entier a retenu son souffle. À 8 heures, heure de Paris (7 heures à N’Djamena), Valentin Betoudji, surnommé « 12 poumons », s’est lancé sur les routes de Paris pour le marathon des Jeux Olympiques de 2024. Ce moment tant attendu est le couronnement d’une aventure exceptionnelle, un voyage de la chaleur de N’Djamena aux pavés parisiens, marqué par une détermination et un courage hors du commun.

L’homme qui court pour Jésus

Valentin Betoudji, né le 14 février 1991 au Tchad, est un marathonien d’exception surnommé le « 12 poumons » en raison de son endurance hors du commun. Sa foi en Jésus-Christ est au cœur de sa vie et de sa carrière sportive. En arborant le slogan « Courir pour Jésus » sur ses réseaux sociaux, il témoigne de sa croyance en un Dieu qui le soutient dans toutes ses épreuves. Ses nombreuses participations à des compétitions internationales, comme les Jeux mondiaux militaires de 2015 à Mungyeong, en Corée du Sud ou les Championnats du monde de semi-marathon de 2018 qui se sont tenus à Valence, en Espagne, en font un ambassadeur du sport tchadien.

Le slogan « Courir pour Jésus » sur la bio du compte Instagram de Valentin Betoudji.

Un billet pour Paris 2024

À 33 ans, Valentin, le dernier athlète tchadien encore en lice, s’est confronté au défi monumental du marathon olympique, un parcours de 42,195 kilomètres reliant l’Hôtel de Ville de Paris aux Invalides, en serpentant à travers plusieurs communes. Le marathon, qualifié comme le plus ardu de l’histoire des Jeux, mettra à l’épreuve les limites physiques et mentales des concurrents. Pour Valentin, c’est un rêve devenu réalité, forgé par des années d’efforts et de sacrifices.

Son arrivée en France à l’âge de 18 ans, à la suite d’une victoire dans un semi-marathon au Tchad, marquera le début de cette épopée. Cette victoire lui avait ouvert les portes de l’Europe, avec un billet pour Reims offert par Air France, et le soutien décisif d’un ministre tchadien passionné d’athlétisme qui lui procura mille et un conseils. C’est ainsi que Valentin découvre la France et commence à construire son avenir dans l’ombre des montagnes de l’athlétisme européen.

Une route vers les étoiles

Sa carrière prend un tournant décisif lorsqu’il rejoint le club de Fontainebleau, puis plus tard l’AJS La Garde. Sous l’œil vigilant de son entraîneur Nicolas Baudry puis Joël Bastien, il se distingue par ses performances exceptionnelles et son éthique de travail rigoureuse. Ses exploits récents — un temps remarquable de 31:09 sur 10 km à Nice et pulvérisant un nouveau record du Var de 1:01:24 lors des 20 km de Paris — témoignent de ses progrès constants et de son potentiel illimité. « C’est quelqu’un d’ultra-discipliné, à l’écoute et travailleur. Un bonheur d’entraîneur. Il cumule ses entraînements à un travail de jardinier exigeant physiquement. C’est un exemple, car tactiquement, il a beaucoup évolué », précise Joël Bastien.

Pour Valentin, chaque course est une épreuve de vérité, chaque entraînement un pas de plus vers son rêve olympique. « Le travail, le travail, encore le travail pour, pourquoi pas, écrire une page d’histoire. », déclare-t-il avec la détermination qui caractérise ses exploits sportifs. Sa préparation acharnée, notamment en stage au Kenya qui lui a fait manquer l’opportunité d’être le porte-drapeau du Tchad à l’ouverture des J.O de Demos Memneloum et Israël Madaye, est le reflet de sa volonté de se surpasser malgré les difficultés du parcours.

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Le marathon de Paris est plus qu’une simple compétition pour Valentin Betoudji. C’est le sommet d’une ascension inspirante, une célébration de la persévérance et de la passion. « J’ai ressenti une grande émotion. C’était l’objectif d’une vie. J’ai immédiatement eu une pensée pour ceux qui m’ont soutenu contre vents et marées », explique-t-il lorsqu’il a été sélectionné. Sa présence aux Jeux Olympiques est un symbole puissant de la réussite face à l’adversité, et, peu importe l’issue de la course, il incarne déjà une victoire, celle de l’esprit humain triomphant sur les défis imposés par la vie, en outre l’esprit olympique.

L’important n’est pas de gagner mais de participer

Ce samedi, lorsque les premières foulées ont résonné sur les pavés parisiens, le Tchad était uni derrière son athlète, son dernier espoir aux J.O, célébrant non seulement une course, mais un héros dont le voyage a transcendé les frontières et les attentes. C’est dans une salle la MAISON DE QUARTIER DE CHAGOUA que j’ai suivi ce marathon épique avec d’autres fans du « 12 poumons ». Le centre a été spécialement aménagé pour l’occasion avec l’appui de l’ambassade de France au Tchad.

J’ai été particulièrement impressionné par la victoire de l’ethiopien Tamirat Tola bien que notre athlète Valentin Betoudji a fini soixante-dixième, dernier de cette longue course d’endurance.

Projection du marathon dans la salle de la Maison de quartier de Chagoua. Crédit : Bara

Dès le départ le course il était à la queue mais il n’a pas abandonné et c’est avec un grand sourire aux lèvres et des tapes sur la main des spectateurs qu’il franchit la ligne d’arrivée. C’est dans une bonne ambiance, des félicitations pour l’athlète que la salle applaudit sa ténacité malgré cette défaite. Le parcours de Valentin, du Tchad à Paris, est un véritable conte de fées moderne, une saga où le courage et la détermination illuminent les ombres du doute.

L’ambiance dans la salle de la Maison de quartier de Chagoua à l’arrivée de Valentin Betoudji sur la ligne d’arrivée lors de la projection du marathon de Paris 2024.

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La réaction de l’athlète tchadien Betoudji Valentin après sa course
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