Les Jeux olympiques de Paris 2024 ont offert leur lot de surprises. Parmi elles, l’histoire d’Israël Madaye, l’archer tchadien, qui a ému le monde entier et particulièrement la Corée du Sud. Loin des infrastructures sportives flambant neuves et des entraîneurs chevronnés, cet archer tchadien a forgé sa légende dans l’adversité, avec pour seule arme sa détermination inébranlable.
De Rabat à Lausanne, en passant par Tokyo, le parcours d’Israël Madaye est celui d’un archer déterminé à atteindre les sommets. En 2019, Israël Madaye monte sur la troisième marche du podium aux Jeux africains de Rabat, en arc classique mixte avec Marlyse Hourtou. Cette performance lui permet de se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Fort de cette expérience, il intègre en novembre 2022 le centre d’excellence mondiale de tir à l’arc à Lausanne, le W.A.E.C (World Archery Excellence Centre), où il bénéficie d’un encadrement de haut niveau le préparant aux Jeux de Paris 2024.
En 2023, il remporte l’or aux Championnats d’Afrique par équipe mixte à Nabeul aux côtés de Martine Abaïfouta Hallas Maria, confirmant ainsi sa progression. Couronné de succès en mai 2024 avec 647 points, il décroche son billet pour les Jeux olympiques de Paris 2024, où il aura l’honneur de porter le drapeau tchadien aux côtés de la judokate Demos Memneloum.
Un parcours semé d’embûches
Originaire d’une petite ville au sud du Tchad, Israël Madaye embrasse l’archerie en 2008 lors de ses vacances à Ndjamena. Il se fait remarquer par les entraîneurs lors de compétitions locales par son dévouement et son talent.
“J’ai commencé le tir à l’arc lorsque j’étais en vacances à N’Djamena. J’ai vu mes frères pratiquer donc j’étais aussitôt intéressé et aujourd’hui, je le pratique en plein-temps”
Israël Madaye.
Électricien pour la Société Nationale d’ Électricité tchadienne (S.N.E), il a dû quitter son poste pour se consacrer entièrement à ses rêves et ambitions olympiques. Il s’entraîne alors dans des conditions modestes dans un cimetière de la place, faisant preuve de créativité pour améliorer son jeu. C’est ce parcours, marqué par la passion et la persévérance, qui a profondément touché les Sud-Coréens, grands amateurs de tir à l’arc.
Un soutien inattendu
Si, le 30 juillet en 32e de finale, ses performances sportives n’ont pas été à la hauteur de celles de son adversaire, le Sud-Coréen Kim Woo-jin, double champion olympique à Rio (2016) et Tokyo (2021), Israël Madaye a conquis le cœur des spectateurs Sud-coréens par son humilité et sa détermination.
« Je n’étais pas trop stressé… J’ai travaillé dur pour être présent aux Jeux olympiques alors j’aurais été heureux même si je n’avais marqué aucun point ! » répond Israël Madaye lorsqu’il est interrogé sur ces résultats médiocres.
Cette déconvenue face au numéro un mondial l’a paradoxalement propulsé sur le devant de la scène internationale alors qu’il est moqué dans son pays natal. Son histoire a rapidement fait le tour des médias sud-coréens, intrigués par cet autodidacte. Suite à la tôlée médiatique, les Sud-Coréens ont envahi ses réseaux sociaux, Instagram notamment, et sont nombreux à exprimer leur admiration pour l’archer tchadien. Des célébrités comme la chanteuse Kwon Yuri ont salué son parcours exceptionnel.
Pour Israël Madaye, cette vague de soutien est une véritable récompense : sa présence à Paris est déjà une victoire. Son histoire illustre bien la théorie de l’effet papillon, un petit événement a engendré des conséquences importantes. Il a profité de l’occasion pour souligner le manque de moyens dont souffre le sport au Tchad et a remercié la Corée du Sud pour son intérêt.
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