Crédit: © AFP / Frederic J. Brown

Jeux olympiques ou arène politique ?

Les Jeux olympiques, célébrés tous les quatre ans, sont bien plus qu’une simple compétition sportive. Derrière l’esprit de camaraderie et les prouesses athlétiques se cachent des enjeux politiques complexes et multidimensionnels. Cet article vise à décrypter les rouages de cette dimension politique des Jeux Olympiques, en s’appuyant sur des exemples concrets.

La neutralité olympique : un mythe persistant

Dès ses origines, le fondateur des Jeux olympiques modernes, Pierre de Coubertin, aspirait à une trêve olympique, une période de paix pendant laquelle les nations rivales se mesureraient sur le terrain sportif plutôt que sur le champ de bataille. Cette vision idéalisée d’une neutralité politique a cependant toujours été remise en question.

Pierre de Coubertin. Crédit Photo: Wikipédia

En réalité, les Jeux Olympiques ont souvent été instrumentalisés par les pays hôtes et les grandes puissances pour servir leurs propres intérêts politiques. Le boycott des Jeux de Moscou en 1980 par les États-Unis et leurs alliés en réponse à l’invasion soviétique de l’Afghanistan en est un exemple flagrant. En règle générale, le boycott de Jeux olympiques est un phénomène assez récurrent. L’un des plus flagrant et avéré a bien entendu été celui à l’encontre de l’Afrique du Sud, durant l’apartheid. Les Sud-africains ont donc été exclus de 1964 à 1992. Cependant, d’autre boycotts ont été souhaités par plusieurs manifestants et mouvements comme le boycott des Jeux de 2008 et de 2022 à Pékin, de Sotchi en 2012 (pour protester contre le traitement des homosexuels russes) ou encore celui de 2024 à Paris (pour protester contre la présence d’Israël).

À l’inverse, les Jeux de Berlin en 1936 ont été utilisés par le régime nazi pour promouvoir son idéologie raciste et sa puissance militaire. Plus récemment, les Jeux de Pékin en 2008 ont été critiqués pour la répression exercée par la Chine sur les droits humains.

Les Jeux Olympiques comme plateforme de revendications

Les Jeux Olympiques offrent aux athlètes et aux activistes une plateforme unique pour sensibiliser à des causes politiques et sociales.

En 1968, les athlètes américains Tommie Smith et John Carlos ont levé leur poing noir sur le podium du 200 mètres pour protester contre le racisme aux États-Unis. Ce geste audacieux a marqué un tournant dans l’histoire du sport et du militantisme politique.

John Carlos, Tommie Smith, Peter Norman au JO de 1968 – Angelo Cozzi / Wikimedia Commons

Plus récemment, aux Jeux de Rio en 2016, la gymnaste américaine Simone Biles a refusé de participer à certaines épreuves pour des raisons de santé mentale, brisant le silence sur un sujet tabou et encourageant d’autres athlètes à s’exprimer.

Le Soft Power des Jeux Olympiques

Les Jeux Olympiques constituent un outil puissant de soft power pour les pays hôtes, leur permettant de projeter une image positive sur la scène internationale et d’attirer des investissements étrangers.

La Chine, par exemple, a misé gros sur les Jeux de Pékin en 2008 ou pour les Jeux d’hiver en 2022 pour renforcer son statut de puissance mondiale émergente. De même, les Jeux de Rio en 2016 ont été l’occasion pour le Brésil de présenter sa culture et ses atouts au monde entier.

Logo des Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022 – © FRED DUFOUR / AFP

Le cas Taïwan

Les Jeux olympiques peuvent également exacerber les tensions géopolitiques existantes. La question de la participation de Taïwan aux Jeux en est un exemple récurrent.

Considérée comme une province rebelle par la Chine, Taïwan participe aux Jeux sous le nom de « Chinese Taipei » depuis 1976 pour éviter les tensions, la République de Chine (Taïwan) et la République populaire de Chine (Chine continentale), revendiquant le nom de « Chine ». Cette situation est source de vives tensions entre les deux pays et met en lumière les complexités du paysage politique international.

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La délégation taïwanaise aux JO de Tokyo doit s’appeler Taipei chinois durant la compétition des Jeux olympiques – REUTERS/Phil Noble

En conclusion, les Jeux Olympiques sont bien plus qu’une simple compétition sportive. Ils sont le miroir des tensions, des défis et des aspirations du monde actuel. Comprendre les enjeux politiques des Jeux Olympiques est essentiel pour apprécier pleinement leur portée et leur impact sur notre société.

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