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La victoire à tout prix !

Sous le feu des projecteurs, l’arène olympique est un théâtre où se jouent les plus belles histoires du sport. Mais derrière la médaille d’or, se cache parfois un sombre secret : le dopage. Ce fléau, qui gangrène le monde sportif depuis des décennies, vient ternir l’éclat de la compétition et trahit l’esprit olympique presque à chaque olympiade.

Les Jeux olympiques, organisés tous les quatre ans, représentent l’événement sportif le plus prestigieux au monde. Rassemblant des athlètes venus de tous les continents, ils célèbrent l’excellence humaine, le dépassement de soi et l’esprit de compétition.

Malheureusement, l’ombre du dopage plane depuis de nombreuses années sur cette célébration grandiose. Le dopage, défini comme l’utilisation de substances ou de méthodes interdites pour améliorer artificiellement les performances des athlètes, bafoue les principes d’équité et de fair-play qui sont au cœur du sport.

Le dopage se manifeste sous diverses formes, dont les plus courantes sont :

  • L’utilisation de produits dopants : Il s’agit de substances interdites par les réglementations sportives, comme les stéroïdes anabolisants, les hormones de croissance, etc. Ces substances peuvent améliorer la force, l’endurance, la récupération et la performance globale des athlètes.
  • Les méthodes interdites: Cette catégorie comprend des techniques illégales comme les transfusions sanguines autologues, l’administration de gaz inertes et le truquage des analyses d’urine.

Parmi les sportifs ayant eu recours à ce type de méthode, on peut bien entendu citer Lance Armstrong, septuple vainqueur du Tour de France (avant que ses titres ne lui soient retirés). Il a notamment eu recours à l’EPO, l’érythropoïétine, qui stimule la production de globules rouges.

Lance Armstrong sur le Tour de France en 2002 – Crédit : AFP / JOEL SAGET
  • La manipulation génétique: il s’agit du détournement d’une prouesse génétique existante : la thérapie génique, utilisée pour traiter certaines maladies comme la myopathie ou certains cancers. On cherche ici à augmenter la masse musculaire, ou bien renforcer l’endurance respiratoire.

Des pratiques ancestrales

Dès les Jeux Olympiques antiques, organisés pour la première fois en 776 avant J.-C. en Grèce, des athlètes cherchaient à se doper pour améliorer leurs performances.

« …Dès que Solon, au VIIIe siècle avant J.C., a décidé de récompenser royalement les vainqueurs, toutes les magouilles ont commencé. On a trouvé des tentatives de dopage avec des épices, des herbes ou du sésame donné à ses chevaux, ce qui entraînait l’exclusion, voire même la condamnation de l’athlète. On a aussi l’exemple d’un excellent coureur qui, corrompu pour de l’argent, s’est laissé dépasser par ses concurrents… »

Violaine Vanoyeke, « Meurtre aux Jeux olympiques »
Illustration des Jeux Olympiques de l’antiquité par Walter Crane. Crédit Photo : Wikimedia Commons

Au fil des siècles, les méthodes de dopage et les substances interdites ont évolué en parallèle aux progrès scientifiques et à la compréhension croissante des mécanismes du corps humain.

  • XIXe siècle : Les premières substances dopantes utilisées étaient principalement des stimulants comme la strychnine et la caféine (aujourd’hui, la caféine n’est plus considérée comme un produit dopant).
  • XXe siècle : L’apparition des stéroïdes anabolisants dans les années 1930 a marqué un tournant majeur dans l’histoire du dopage. Ces substances, qui augmentent la masse musculaire et la force, ont été largement utilisées par les athlètes dans divers sports.
  • XXIe siècle : Les progrès de la biotechnologie ont ouvert la voie à de nouvelles formes de dopage, comme l’utilisation de l’EPO (érythropoïétine), une hormone qui stimule la production de globules rouges, et le dopage génétique.

En réponse à cette évolution constante, les autorités sportives ont mis en place des listes de substances interdites de plus en plus strictes et ont développé des méthodes de contrôle antidopage de plus en plus sophistiquées.

Stéroïdes anabolisants injectables. Crédit Photo : Wikimedia Commons

Scandales et controverses au cours de l’histoire

L’histoire des Jeux Olympiques est malheureusement jalonnée de scandales de dopage qui ont entaché l’image de la compétition et mis en lumière la nécessité d’une lutte plus efficace contre le dopage.

Le scandale de dopage russe aux Jeux de 2016 est l’un des plus graves de l’histoire du sport. Un système institutionnalisé de dopage a été mis en place en Russie. Ce système impliquait des autorités sportives russes de haut niveau, des laboratoires antidopage et des services secrets. Le but était de permettre à des athlètes russes de se doper de manière systématique et de dissimuler ces pratiques lors des contrôles antidopage.

Le scandale a été révélé par des lanceurs d’alerte russes, notamment Grigory Rodchenkov, l’ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou. Leurs témoignages ont été étayés par des preuves matérielles, notamment des enregistrements audio.

Un autre exemple : le scandale chinois en natation

Six questions pour comprendre le scandale de dopage dans la natation chinoise

Un danger pour la santé des athlètes

La quête effrénée de la performance au mépris de la santé n’est pas sans conséquences. Les athlètes dopés s’exposent à de graves risques pour leur santé physique et mentale, dont : des problèmes cardiaques, des cancers, des problèmes de fertilité,…

Outre ces risques physiques, il y a également des conséquences psychologiques pour l’ athlète, notamment des sentiments de culpabilité, de honte et de dépression en cas de révellation.

Lance Armstrong par exemple a livré son méa culpa dans un documentaire qui lui était consacré « La star déchue du cyclisme ». Ce documentaire raconte une période sombre de sa vie de dieu du vélo ou il a commencé à se doper dès l’âge de 21 ans. Il s’est vu retirer ses sept titres de vainqueur du Tour de France.

J’ai profité de ma position, et pour cela, je suis profondément désolé. J’aimerais pouvoir changer ça, j’aurais aimé être un homme meilleur, mais tout ce que je peux faire, c’est dire que je suis désolé et avancer.

Lance Armstrong, « La star déchue du cyclisme »
Lance Armstrong, Tour de France 2009. Crédit Photo : Josh Hallett – Wikimedia Commons

Les acteurs de la lutte antidopage

Plusieurs organisations jouent un rôle crucial dans la lutte contre le dopage :

L’Agence mondiale antidopage (AMA)

Créée en 1999, l’AMA est l’organisme international responsable de la coordination et de la harmonisation des efforts de lutte antidopage à l’échelle mondiale. Elle élabore le Code mondial antidopage, définit les substances et méthodes interdites, et met en place des programmes de contrôle et d’éducation.

Les Fédérations Internationales Sportives (FIS)

Il existe une fédération Internationale Sportive pour chaque catégorie de sport et elles sont responsables de la mise en œuvre du Code mondial antidopage dans leurs sports respectifs. Elles organisent les contrôles antidopage et appliquent les sanctions en cas d’infraction.

Les Organisations nationales antidopage (ONAD)

Chaque pays dispose d’une ONAD chargée de la mise en œuvre du Code antidopage au niveau national. Elles collaborent avec les FIS et l’AMA pour mener des contrôles antidopage et sensibiliser le public aux dangers du dopage. En France, l’ONAD est l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD)

Ces organisations peuvent faire des contrôles inopinés n’importe où et n’importe quand, afin de dissuader les athlètes de planifier leur dopage. Ils peuvent également faire des contrôles ciblés sur les athlètes considérés comme à haut risque de dopage.

Les contrôles antidopage peuvent être effectués avant, pendant et après les compétitions. Ils se basent principalement sur l’analyse d’échantillons d’urine et de sang, mais d’autres méthodes, comme les analyses capillaires et les tests salivaires, peuvent également être utilisées.

L’Espagnol Alberto Contador après un contrôle anti-dopage au Tour de France, le 17 juillet 2013 © AFP/Archives

Quelles sanctions ?

Les sanctions appliquées aux athlètes dopés varient en fonction de la gravité de l’infraction et du règlement de la fédération sportive concernée. Elles peuvent aller de simples avertissements à des disqualifications, des suspensions de compétition, voire des exclusions définitives du sport.

Pour le cas de la Russie, les sanctions imposées par le Tribunal Arbitral du Sport sont les suivantes :

  • Exclusion pour deux ans de compétitions internationales : Cela signifie que la Russie ne pourra pas participer en tant que nation aux les Jeux Olympiques.
  • Participation individuelle sous bannière neutre : Les athlètes russes pourront néanmoins concourir à titre individuel, mais sous une bannière neutre, sans drapeau national ni hymne national.
  • Interdiction de présence d’officiels russes : Ni le président Poutine ni d’autres officiels russes ne pourront assister aux compétitions internationales pendant cette période.
Le siège du tribunal arbitral du sport à Lausanne en Suisse © AFP/Archives
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