Le cancer du sein, la première cause de décès par cancer chez les femmes. Tantôt héréditaire, tantôt à cause d’une mauvaise hygiène de vie… Le cancer du sein est pourtant facilement traité, si diagnostiqué à temps. Tout comme Marie, que vous découvrirez dans cet article, beaucoup de femmes négligent l’importance d’un dépistage régulier ne serait-ce que par autopalpation pourtant salvateur.
Quelque chose d’inhabituel
Un lundi matin, avec toute la lourdeur de mon corps qui refuse de sortir du lit, je m’efforce de me lever et de me rendre dans le service d’imagerie médicale d’un hôpital renommé de N’Djamena pour mon stage académique. C’est là-bas que je vais faire la connaissance de Marie.
Marie est une trentenaire non tabagique selon elle mais qui engouffre les teilles de bière comme de l’eau. En se levant ce lundi matin, elle observe au bout du mamelon de son sein gauche un écoulement liquidien brunâtre alors que l’autre sein est tout à fait normal. Elle y sentait déjà une masse depuis quelque temps et la peau autour de ce sein ressemblait de plus en plus à une peau d’orange.
Elle travaille d’habitude au comptoir d’un bar dancing très prisé par des jeunes fumeurs mais ce jour-là c’est à l’hôpital qu’elle se rendra, le même où je suis stagiaire, là où sa vie va basculer.
Docteur qu’est ce qui ne va pas avec mon sein ?
Une fois dans le bureau du généraliste, ce dernier l’oriente au service de radiologie pour une mammographie après avoir repéré à la palpation une boule de consistance dure du côté du sein gauche de Marie.
Pour m’apprendre le b.a.-ba de son métier, le radiologue qui me supervise me charge de le faire. Tout excité, je bondis sur la console de l’appareil pour prendre les clichés des seins de Marie légèrement compressés sur la plaque de film radiographique.
On sourit et Clic ! Clac ! V’là les clichés des seins de Marie.
Cancer du sein grade quoi ??
Sur l’examen de mammographie on constate sans difficulté une densité mammaire au niveau du sein anormal. D’expérience, le radiologue sait déjà que c’est un cancer. Mais pour le confirmer, Marie va passer chez l’anatomopathologiste pour une biopsie mammaire qui va révéler un cancer du sein triple négatif grade 3. Si, comme Marie, ces termes vous troublent alors oui, vous avez raison d’être troublé.
Cancer du sein triple négatif grade 3 veut dire qu’on est à un stade avancé, la taille de la tumeur dépassant 5 cm et commence à métastaser la cavité thoracique. Ça veut surtout dire pour Marie que son cancer a été diagnostiqué tardivement et qu’elle a peu de chance de survivre si elle ne reçoit pas un traitement adéquat.
À l’attaque !! Pas de quartier !!
Pour un cancer du sein agressif, il faut un traitement agressif. L’oncologue n’a donc pas lésiné sur les moyens de traitement pour sauver Marie. Le plan de bataille élaboré par l’oncologue était de faire une chimiothérapie à Marie pour diminuer la taille du cancer afin de le lui retirer chirurgicalement.
Mais malheureusement le cancer ne se laisse pas faire et n’a pas bougé d’un iota. Face à un cancer infiltrant dont la taille dépasse 3 cm d’emblée ou après une chimiothérapie première et qui ne permet pas d’obtenir un résultat esthétique convenable après une tumorectomie précise, on préconise alors une mastectomie totale.
Même si vous n’êtes pas familier au jargon médical vous l’aurez compris : on va retirer tout le sein gauche de Marie. Puis s’ensuivra une chimiothérapie enfin accompagnée de radiothérapie pour éliminer les métastases qui commencent à proliférer dans le corps de Marie. « Il ne faut pas leur laisser une seule chance de récidive ! » dit l’oncologue. On peut dire que Marie en a bavé et est sortie de l’hôpital sérieusement amochée.
Dommages psychologiques
N’ayant pas les moyens de s’offrir un implant mammaire en silicone pour mimer le vrai elle doit dorénavant supporter un poids psychologique comme beaucoup d’autres rescapés du cancer du sein.
Lors de sa dernière séance de chimio elle me confiera sa plus grande inquiétude du moment : « Est-ce que mon mari va encore me regarder comme avant avec un sein en moins ? Les gens vont me regarder bizarrement en public ! Et puis je n’ai plus mes cheveux ! À quoi je vais ressembler ? »
En effet le sein est le symbole de la féminité, de la maternité et la sexualité pour la femme. Le sein a toujours été associé à la séduction, à la tendresse à la douceur et à la beauté du corps de la femme. Donc se retrouver séparé d’un sein peut être assez difficile à vivre pour une femme.
Bah oui ! Ironiquement je me permets de penser que dans leur intimité avec son mari elle devait être fière de lui d’exhiber son bonnet E et quand elle déboutonnait un peu sa chemise avant de rentrer dans le bureau de son patron, histoire d’attirer ses faveurs, hein ! Mesdames ? Certaines se reconnaîtront peut-être. Marie, elle, avait conscience de la valeur de ses seins.
Héritage hors du commun
Aujourd’hui si Marie est en voie de rémission, sa maman n’a pas eu cette chance d’avoir cette assistance médicale. Elle est décédée quand Marie n’était encore qu’un enfant. Comme si sa maman lui avait légué ce cancer du sein comme héritage. En plus de sa prédisposition génétique, un mode de vie malsain, alcoolisme associé au tabagisme passif, Marie avait peu de chances de s’échapper des griffes de ce cancer.
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